Les Bases du Cheminement Œcuménique

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Esaïe 49,3 à 6 ; 1 Corinthiens 1,1 à 3 ; Jean 1,29 à 34

 

Je voulais d’abord vous remercier de votre accueil et de cette possibilité de partager avec vous le sens que les textes bibliques que nous avons lus pourraient avoir pour nous aujourd’hui. Cet échange de chaires nous donne l’occasion d’entendre une autre voix et une autre façon de dire notre foi et la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. C’est une richesse à saisir. Et nous comptons sur un grand nombre d’entre vous pour faire le déplacement au temple de Villeneuve-St-Georges dimanche prochain. Il y a combien protestants parmi nous ce matin ? Pouvez-vous vous lever ?

Ce que je souhaite faire avec vous ce matin, c’est reprendre les trois textes que nous avons lus pour voir ce qu’ils peuvent nous dire sur les bases qui fondent notre cheminement œcuménique. Cela fait plus d’une cinquantaine d’années que les membres du groupe œcuménique existant sur notre secteur cheminent ensemble. Ce groupe parle souvent des bases de l’œcuménisme. C’est intéressant de pouvoir évoquer avec un groupe plus élargi l’essentiel qui nous unit et nous différencie.

Le Serviteur du Seigneur est le Christ de notre foi… Nous l’annonçons ensemble.

Prenons d’abord le texte d’Esaïe. Il nous parle d’un Serviteur du Seigneur. Les premiers chrétiens qui ont écrit les Evangiles et le Nouveau Testament ont vu, dans ce Serviteur du Seigneur dont parlait le prophète Esaïe, le Christ de leur foi. Ils ont fait le rapprochement avec le Christ qu’ils avaient rencontré : celui qui était choisi dès sa naissance, celui sur lequel l’Esprit est descendu le jour de son baptême, celui qui devait ramener le peuple d’Israël à leur Dieu, celui qui devenait la lumière de toutes les nations, celui qui annonçait la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu pour tous et la libération de toutes formes d’exclusion et d’esclavage, celui qui allait souffrir et mourir comme un agneau immolé qui ôte le péché du monde, et celui que Dieu a ressuscité d’entre les morts et dans sa gloire. Ce qu’Esaïe avait annoncé il y a longtemps est devenu pour les premiers chrétiens l’expérience même de leur foi en Christ.

Aujourd’hui nous pouvons dire ensemble, catholiques et protestants, que notre foi commune est fondée sur le même Christ : le Serviteur du Seigneur annoncé par Esaïe et Jésus de Nazareth dont nous parlent les Evangiles. Ce n’est pas rien de dire cela. Nous affirmons que le centre de notre foi est le même et il est plus important que toutes les différences de pratiques et d’expressions de la foi que nous pouvons avoir. Nous annonçons donc ensemble le même Christ.

L’Eglise de Dieu est dans chaque lieu… Il n’y a pas de frontières confessionnelles aux yeux de Dieu.

Passons maintenant au texte de la première épître de Paul aux Corinthiens. Paul adresse sa lettre à l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe. Il affirme ainsi que l’Eglise n’appartient qu’à Dieu. Ce n’est pas l’Eglise de Paul ou l’Eglise de Pierre, ni l’Eglise d’Apollos ou même l’Eglise du Christ. Paul a refusé d’entrer dans les querelles de clochers qui existaient dans cette Eglise à Corinthe, où chacun se réclamait d’un personnage et d’une orientation différente. Paul disait clairement qu’il y avait une Église dans cette ville de Corinthe et que c’était l’Église de Dieu. De plus, Paul affirme avec force que cette Eglise de Dieu a un seul Seigneur. Le Seigneur de Paul est le même Seigneur que celui des Corinthiens. Ils invoquent tous son Nom dans la communion de l’Eglise de Dieu.

Ce que nous pouvons retenir ce matin à partir de cette vision de Paul, c’est que les frontières confessionnelles entre catholiques et protestants n’ont pas d’importance aux yeux de Dieu. Je dirai même qu’elles n’existent pas dans le cœur de Dieu. Ce qui lui importe c’est l’Eglise de Dieu à Brunoy, l’Eglise de Dieu à Villeneuve-St-Georges. Même si cette Eglise de Dieu dans nos deux villes est plurielle, elle partage avant tout le même Seigneur et la même Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu en Jésus-Christ. Même si nous avons encore du chemin à faire pour arriver à une conception commune de l’Eglise, cette vision simple de Paul doit nous aider à relativiser un peu cet obstacle. L’essentiel est ailleurs. Nous faisons partie avant tout de l’Eglise de Dieu… pas de l’Église catholique ou de l’Église protestante réformée. Nos différentes confessions sont secondaires et ne peuvent pas être utilisées pour ignorer, mépriser, exclure ou dominer l’autre dans la seule Eglise qui compte : l’Eglise de Dieu.

Le Baptême est l’un des signes de la grâce de Dieu… Nous partageons le même baptême.  

Nous en venons enfin au baptême de Jésus raconté dans l’Evangile de Jean. J’ai remarqué quelque chose que je n’avais pas vu auparavant dans ce récit. A deux reprises, Jean dit que celui qu’il devait désigner comme le Christ, il ne le connaissait pas. Jean a dû recevoir un signe de la part de Dieu pour pouvoir reconnaître le Christ qu’il avait baptisé. Ce signe a été donné dans l’Esprit qui est descendu sur Jésus comme une colombe. C’est comme cela que Jean a reconnu Jésus comme le Fils de Dieu.

Dans nos Églises, nous avons des signes qui nous aident à reconnaître la présence du Christ et à recevoir sa grâce. Nous appelons ces signes, dans notre jargon religieux, des « sacrements ». Chez vous, les catholiques, il y a sept sacrements : le Baptême, la Confirmation, l’Eucharistie, la Réconciliation, le Mariage, l’Ordre et le Sacrement des Malades.  Chez nous, les protestants, il n’y en a que deux : le Baptême et la Cène. Malgré le chemin qui reste à faire pour que nous, les Protestants puissions partager pleinement l’Eucharistie avec vous, nos frères et nos sœurs catholiques, pendant la messe, il est important de souligner que nous partageons pleinement le même baptême. Nous reconnaissons mutuellement le même signe de l’amour de Dieu manifesté pour nous en Jésus-Christ dans nos baptêmes respectifs. Nous ne rebaptisons pas les catholiques qui veulent devenir protestants ou les protestants qui veulent devenir catholiques. Nous partageons le même baptême. Et cela, c’est un pas énorme dans la reconnaissance mutuelle et la confiance que nous pouvons avoir les uns envers les autres.

Voilà donc des bases solides pour poursuivre notre cheminement œcuménique :

  • Nous annonçons le même Christ. Il est notre Seigneur à nous tous.
  • Nous appartenons tous à l’Eglise de Dieu et nos confessions respectives sont secondaires.
  • Nous partageons le même baptême et nous espérons un jour communier officiellement à la même table eucharistique.